合気道の冬

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mercredi 7 septembre 2016

Aiki d'Ueshiba, Aunkai d'Akuzawa, chemins martial, chemins de vie





Il y a peu, plongé dans ma réflexion sur le corps et sa place dans la pratique martiale, j’ai retrouvé un texte peu connu de Morihei Ueshiba : le texte parlant du Shochikubai.

C’est à la suite de cette expérience qu’O Sensei a arrêté l’entrainement de l’Aiki qui était jusque-là son outil principal de travail.

En le relisant j’ai été interpellé par le fond du texte, au-delà du récit de l’expérience mystique, c’est très proche du chemin de recherche et de travail d’Akuzawa Sensei.
Les deux parlent d’un travail intérieur, d’une force intérieure, chacun avec ces mots et ces expériences de vie, mais le point commun dans la direction demeure.

Akuzawa Sensei m’a dit un jour « cela fait bien longtemps que je n’utilise plus mes muscles, c’est pour cette raison que je ne m’échauffe plus » et il suffit de l’observer sur le tatami pour sentir agir la force qui jaillit de lui. Ueshiba, de son temps, insistait beaucoup sur ce phénomène de jaillissement des techniques que l’on retrouve chez Akuzawa. 

Akuzawa parle beaucoup du « travail sur soi » tout comme Ueshiba qui lui en parlait avec des réferences et des pratiques de la religion shinto comme par exemple le « misogi » (la purification du corps sous une cascade).

Nobuyoshi Tamura racontait que lorsqu’il étudiait avec O sensei, alors qu’il était jeune, que 50 années les séparaient et que leurs centres d’intérêts étaient différents, il ne s’intéressait pas du tout à la philosophie de O sensei ni à la pratique du Shintoisme.

Comme tous les jeunes, disait-il, ce qu’il voulait, s’était développer sa force physique en découvrant les mystères  de la puissance que cachait l’Aikido de Ueishiba. Devenu vieux à son tour, il comprenait pourquoi O Sensei s’intéressait à ces sujet et ce qu’il essayait de leur faire apprendre : comment au travers de l’aïkido, ils pouvaient se défaire de leur illusions pour commencer à découvrir leur réalité sans laquelle la force ne peut jaillir.

田村信喜


Mais il est difficile de faire entendre cette voix là parce qu’il y a toute cet aura de mysticisme, de spiritualité, qui dérange. 

Le témoignage de Tamura Sensei en est une preuve car, au delà de l’âge, je pense que c’est avant tout un problème d’état d’esprit. 

Et pourtant, tout ceci c’est le Ki, l’énergie. L’énergie est harmonie, elle est la réunion des contraires, de la force et de la douceur, de l’ombre et de la lumière, de la volonté d’être et d’être ce que l’on est réellement. 

Pour parvenir à utiliser le Ki, il faut parvenir à être en harmonie avec ce qui nous entoure et donc nous.

L’Aunkai ne propose pas un travail de musculation ou de formation du corps pour obtenir un résultat optimal. Il propose un travail de prise de conscience qui passe par des mouvements demandant un ressenti intérieur qui va en s’approfondissant et qui dépasse la structure physique.

Le « travail sur soi » d’Akuzawa que l’on retrouve dans la voie de l’Aiki d’Ueshiba, c’est un travail de transformation de l’être intérieur, de sa capacité à dépasser son corps, cerveau compris, pour passer à son esprit, son « âme ».



L’expérience que vit O sensei dans ce texte c’est cela
Ce travail vise à oublier l’égo (être le meilleur, le plus fort) pour devenir soi, pour pouvoir ressentir combien la force est inutile quand la perception de l’énergie, du ki, est présente.

Quand l’être parvient à résoudre ses conflits intérieurs, ceux qui l’amènent aux conflits extérieurs, il peut oublier la volonté, il cesse de se poser des questions, il atteint le «ne pas penser » que Tamura Sensei prêchait sur les tatamis.

Le travail sur la force intérieure, sur soi, qui amene à la perception et à l’utilisation de l’énergie est un travail transversal en art martial, il est la force et l’incontournable intérêt de l’Aunkai.


Tenir l’équilibre des Tanren ne demande pas d’être musclé ou simplement de chercher à tenir l’équilibre, il demande à pouvoir ressentir l’axe qui nous relie du ciel à la terre, axe qui dépasse les axes corporels.

Akuzawa Sensei aime particulièrement travailler dans la nature. Dans la nature on peut ressentir l’harmonie, l’énergie qui sous-tend tout.


Morihei Ueshiba n’a pas eu le temps de partager sa compréhension de la profondeur de l’aiki et de sa voie, Akuzawa Sensei le fait, par le geste, avec peu de mots, mais dans ces mots, chacun prend son sens, qu’il ne faut pas altérer, chose hélas rendue difficile par les traductions et les mauvaises compréhensions.



L’Aunkai est un chemin de vie autant qu’un chemin martial, parce que l’art martial vu par Akuzawa Sensei comme il était vu par Ueshiba, n’est pas un art de combat mais un art de paix.



On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. 
Antoine de Saint-Exupéry
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Note : Les carnets de Takemusu Aiki, Vol. 1, « le corps et le sabre selon Ueshiba Morei », pages 37-39. Editions du Cenacle.


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