合気道の冬

合気道の冬

samedi 12 décembre 2015

KUZUSHI « le déplacement de la Montagne »

(Vous Direz à cette Montagne : “ Déplace-Toi “)

Parce que tout commence dans l'esprit , le Kuzushi ne fait pas exception.

Qu'est que le Kuzushi 崩し ?

Le Kuzushi c'est « le déséquilibre » une définition simple d'un élément capital dans une exécution de Technique.

Sans Kuzushi, l'application de la technique reviendrait à vouloir boire un verre d'eau sans verre … Toujours possible diront les esprits forts, Mais certainement moins efficace.

Kuzushi vient de Kuzusu 崩すqui signifie : Briser, Démolir mais Briser ou Démolir quoi ?

Tamura Nobuyoshi avec Leo Tamaki Photo Marc Le Tissier

Son esprit car le physique obéit à l'esprit. Si nous sommes face à un adversaire fermement déterminé à nous frapper en dépit de sa propre intégrité physique, ce n'est pas une bonne technique ou un bon placement qui arriveront à créer le Kuzushi.

Ce qui va créer le Kuzushi c'est le danger qui va naître dans l'esprit de l'attaquant. C'est le danger qui va réveiller l’instinct de survie.

Dans ce genre de situation le système nerveux est sollicité, ce qui donnera une réponse réflexe dans le corps l'attaquant.

Un exemple de création de Kuzushi :
Tentez de mettre un de vos doigt dans l’œil d'une personne, sa réaction sera immédiate :
recul soudain de sa tête en arrière.
C'est au moment où la décharge électrique est envoyé que va naître le Kuzushi, l'esprit qui était neutre devient perturbé et dans l'incapacité de réagir à autre chose.
Cela donne la possibilité à l'application de la technique.

Si la personne avait un mur derrière elle … au moment ou elle réagirait pour sauver son œil de l'attaque du doigt .. elle partirait immédiatement contre le mur sans aucune chance de l’éviter.

Il y a l'utilisation du Kyusho 急所 (point vitaux) qui lui va être plutôt une création de de Kuzushi manuelle c'est a dire :

la première forme « un kuzushi naturel » pourrait s'expliquer de la manière suivante :

Esprit → Nerfs → Corps

dans la seconde forme «  Kyusho-jitsu »

Nerfs → Esprit → Corps

L'action sur des points vitaux va produire un dysfonctionnement de l'esprit qui va agir sur le corps.
Dans une situation où l'attaquant ne va pas réagir au premier type de Kuzushi, le second sera imparable, car malgré toute la force ou la volonté qu’il mettra à vous attaquer, il ne résistera pas à ce dysfonctionnement nerveux.

Exemple : sur une forme de Sumi Otochi 隅落

Sumi Otoshi Ura . Tamura Sensei

Sur le bras nous pouvons trouver un point des plus utiles qui est le point du poumon N°5
dit “le point d'acupuncture chi ze – 尺澤.

méridien du poumon
Donc, en effectuant un Sumi Otochi en touchant ce point, la personne s’écroulera d'elle même à cause du dysfonctionnement nerveux provoqué par l’action sur ce point.
NB : bien sur il y a une certaine façon de le toucher 

Il y a également une 3eme façon de créer le Kuzushi. Elle va faire appel à un niveau de subtilité plus profonde : celle que l'on peut appeler « AIKI »
Ce Kuzushi va être directement créé dans le corps de l'attaquant en se connectant a lui de manière énergétique.
Au moment du contact, il va falloir aller prendre le centre de gravité afin de briser l’équilibre structurel pour renverser l’attaquant directement de l’intérieur.

Voici un bon exemple avec un Aiki Sage 合気下げ :

Yukiyoshi Sagawa et Yoshio Ohara
 au moment de la saisie, le corps de l'attaquant part en Kuzushi. Le faire chuter après devient une chose facile.

Yukiyoshi Sagawa et Yoshio Ohara Aiki Sage
Cette forme n'est pas magique. Elle demande juste une compréhension de notre être et un approfondissement de notre ressenti, là ou devrait nous amener notre pratique de l’Aikido.

L’essentiel est invisible pour les yeux

 

dimanche 25 octobre 2015

Esprit et Mouvement … La pensée décide de ce que l'on fait …


Après de longues années de pratique de l'aikido je me rends compte de la diversité des perceptions et reproductions d'un geste parmi les pratiquants …

Chaque personne est differente dans cette approche de l'observation …

Il ne suffit pas de voir pour reproduire … Pourtant certaines personnes ont cette capacité à intégrer le mouvement en un instant (une capacité qui doit être développée dans le monde martial).
Leur capacité vient d'une multitude d'élements divers ( connaissance de son corps , pratique d'autres arts martiaux , mémoire visuelle , etc. )

il y a pourtant souvent une phase manquante .. celle de la réflexion, du pourquoi ?

Pourquoi je fais mon mouvement comme cela ?

Le mouvement a été pensé, structuré, pour être efficace … Ce qui devient paradoxal, c'est qu'il ne doit plus être pensé pour sa réalisation. Pourquoi ? Pour laisser notre esprit ouvert au ressenti.

Mais revenons à la réalisation de la technique.

L'esprit a une capacité d'intégration importante. Pourtant , il ne lui vient pas à l'idée forcément de rassembler toutes les informations pour voir si elles peuvent s’emboîter l'une dans l'autre, ceci afin d'arriver à une conclusion et donc à une application dans notre geste.

La place du sabre dans l'Aikido est indaignable . Pour les personnes qui pensent encore aujourd'hui que les armes n'y sont pas n'essentielles, je renvoie a une interview de Toshiro Suga ..



Le sabre est un outil dans notre Recherche, très instructif dans une logique d'utilisation du corps. Dans sa pratique du Sabre O sensei avait lui même intégré des mouvements de Yari () (une lance Japonaise) ;

Tamura Sensei lui même insistait sur la pratique du sabre car il y a une logique à comprendre dans cette pratique. Il ne faut pas s’arrêter à la forme mais plutôt aller à la recherche de la logique du mouvement.

Tout se retrouve dans tout . Que les domaines soient éloignés et même sans aucun rapport entre eux, si on cherche à voir les choses, on trouve les connexions entre elle

Quand j'ai debuté l'aikido j'ai entendu dire :
«  Tamura sensei peut connaître ton niveau rien que sur l'application de Ikkyo »

Plus le temps passait, plus cette phrase a fait son chemin dans mon esprit, comme une musique que l'on écoute plusieurs fois et qui, avec le temps, ne sonne plus de la même façon.

A l'époque, je faisais Ikkyo machinalement sans analyser ce que je faisais. Avec le temps et les rencontres , mon Ikkyo a évolué.

Dans un mouvement instinctif, la plupart du temps le muscle est l'acteur principal. Quand la philosophie du geste est d'être dans le relâchement et l’absence de force (l'article de Leo Tamaki), 
on ne fait pas le rapprochement avec une coupe au sabre et pourtant...

C'est cela une coupe au sabre : pas de tension, du relâchement, l'absence de force.

Sur une attaque Shomen (donc une coupe de la main sur le sommet du crane ) :

Au lieu de prendre le bras de l'autre et tirer dessus en forçant, il faut voir son bras comme s'il était le manche du Sabre ( la tsuka ) et l'utiliser pour couper comme on le ferait avec le sabre;
Comme on abaisserait le sabre, on abaisse le bras.

                                                                             
Kuroda Tetsuzan (photo Sébastien Chaventon)


En faisant ainsi, le mouvement va couler de lui même sans aucune force, dans un relâchement total et l'attaquant sera amené au sol très facilement

Le jour où j'ai commencé à appliquer le principe de la coupe au sabre quand je devais faire Ikkyo, je suis entré dans un autre monde. Il a juste fallu à mon esprit de faire le lien entre le sabre et la pratique à main nue pour changer complètement de niveau.



J'invite tout pratiquant, si ce n'est déja fait, à aller dans ce sens de recherche afin de découvrir et appronfondir cette capacité à intégrer le mouvement qui est en eux, mais qui n'a pas encore trouvé de sens ou de logique.

Ikkyo est un exemple parlant. En Aïkido, comme pour le corps humain où ce qui nous permet de tenir debout, ce n'est pas notre geste mais notre squelette, l'important est ce qui est derrière le geste.

« L’essentiel est invisible pour les yeux ».