En art martial la question peut se poser.
Les maitres du passé, grand samouraïs ou moines au fond des
monastères ont développé des savoirs dont il ne nous reste que quelques
techniques. Mais derrière il y avait et il devrait encore y avoir bien plus.
Notre pensée nous dirige, elle influence notre façon d’être
mais elle peut aussi nous enfermer, sur le tatami entre autres, dans le geste.
L’énergie est libre, elle appartient à tout le monde, elle
ne dirige pas, elle ne modèle pas, elle n’enferme pas, sur le tatami elle ne
ferme pas le geste
Sa découverte et sa compréhension peuvent se faire de de
multiples façons.
Akuzawa Sensei est un exemple parfait. Dans son étude des
art martiaux, son parcours de vie, il est arrivé à cette rencontre de l’énergie
(Ki) qu’il nous transmet par son langage, celui de l’Aunkai : pas de mots
ou si peu, et au-delà des gestes, la perception, le ressenti qui fait naitre le
geste juste.
La base de son enseignement, ce sont les Tanren. Et si on
les observe autrement que comme des gestes à répéter encore et encore pour
obtenir la position parfaite, on découvre en eux tout un chemin de perception
qui va au-delà du mouvement des muscles et des articulations. Les Tanren vus
par un danseur de ma connaissance sont une danse libre du corps, ils l’animent,
le délient, ils sont une porte de circulation de l’énergie en soi.
L’énergie (le Ki, le t’chi…) fait peur, car elle est l’inconnue
de notre être. Et lorsque l’humain a peur, il cherche à abattre. Dès que nous
creusons en nous, la peur nous gagne, car nous ignorons ce que nous allons
trouver au bout de cette recherche.
Le moyen de contrer cette peur c’est d’être comme l’enfant
qui découvre les choses tout simplement. Il les vit, il les expérimente, il les
ressent, il ne cherche pas à les maitriser, ni à réussir de suite. Le temps n’a
pas de prise sur lui, c’est pour cela que ses progrès sont si extraordinaires.
Demeurer dans cet esprit de découverte c’est la clé des plus
grands maitres d’arts martial.
Akuzawa Senseï fait partie des grands maitres de notre
époque. D’année en année il fait des bons dans l’approfondissement de sa pratique
car il est en recherche perpétuelle. Il ne s’arrête pas au geste, pas à sa
perfection, pas au corps, il cherche toujours plus loin dans la perception.
Il y a peu un ami instructeur m’a dit qu’il croisait
beaucoup de pratiquants de longue date de divers arts martiaux qui tenaient le
même discours « on en a assez de la technique, on voudrait du
fond »
Le fond que recherche tant de pratiquant peux se trouver, Car
il n’est pas une technique, il est ce qui l’anime, il est ce que nous sommes.
Akuzawa Sensei le dit « il faut travailler sur soi ».
Le travail sur soi n’est pas un travail physique ou
technique mais un travail personnel, intérieur, sur notre façon d’être et d’aborder
les choses, de les regarder ou encore de les sentir.
En passant de la quête du geste parfait, techniquement ou
efficacement, à la recherche du ressenti on arrive à la « racine
dorsale » des arts martiaux, à leur base, à la profondeur tant recherchée.
Akuzawa Sensei a mis
à jour cette colonne vertébrale, il n’a pas créé l’Aunkai comme un art martial
de plus, mais comme un lien entre tous.
Il a mis à jour et affine en permanence ce qui est le lien entre tous, l’axe qui
fait tout tenir debout : une colonne composée de gestes pour ressentir, de
travail sur la perception, de soi, de l’autre, de ce qui relie les partenaires
ou adversaires, et dans lequel l’Energie, élément longtemps gardé secret parce
que mal compris, mal interprété, et
autorisant une telle puissance que mal utilisé il peut être dangereux, prend
toute sa place.
L’Aunkai est un excellent outil pour approfondir la pratique
de ceux qui en ont assez de la technique et pour comprendre en ressentant, ce
que Energie (KI) veut dire en art martial et ce qu’elle apporte.
Découvrir l’Energie en s’aidant de l’Aunkai, on en reparlera
bientôt.
L’essentiel est invisible pour les
yeux